Sorti le 7 mars 2019 sur PC, Shadow Legend VR arrive enfin sur PlayStation VR dans une version un peu plus complète qu’à l’époque. Habitués aux portages PC finis à la truelle, la PS4 et le PSVR ont-ils cette fois une adaptation à la hauteur des espérances ? La réponse dans ce test !
Shadow Legend est un jeu d’aventure à la première personne mettant en scène un chevalier ; affublé du titre de Grand Maître de l’Ordre du Temple. Alors que la population de son village fortifié, au sein du Royaume de Anaria, se fait décimer par une horde de squelettes, il est sacrifié par Evelyn, un ange envoyé par les dieux, afin de combattre le terrible Adaroth dans le monde des morts.
Ce test a été effectué sur PS4 Pro avec une version du jeu fournie par l’éditeur. Les images proviennent de nos propres sessions de jeu.
Un petit grand jeu ?
Derrière ses allures de grand jeu d’aventure, Shadow Legend est en fait développé par une très petite équipe de développement Canadienne. Auteur de Mervils, un jeu de plateformes en réalité virtuelle arrivé bien avant Moss et Astro Bot, le studio Vitruvius VR propose cette fois un jeu d’action plutôt simpliste, agrémenté d’une pincée de séquences aux interactions multiples.
L’aventure commence chez le forgeron du village. Tandis que celui-ci s’apprête à nous donner une épée qu’il vient de forger, nous sommes libres de nos actes ; pillage de diamants et coupes en or disposés çà-et-là, ouverture de coffres, réparation d’armes à l’aide du marteau et de l’enclume etc… Les interactions sont plutôt nombreuses dans ce premier lieu, ce qui participe grandement à l’immersion. Une séquence de dialogue à choix multiples plus tard, nous voilà équipé d’une magnifique épée.
Un portage réussi ?
Que ce soit dans la forge ou à l’extérieur, ce qui frappe immédiatement c’est la qualité graphique du jeu ; sensiblement identique à la version PC. La PS4 Pro jouit notamment de 30% de résolution supplémentaire par rapport à la console standard, ainsi qu’un traitement anti-aliasing plus poussé et autres joyeuses améliorations. Une bonne nouvelle pour les possesseurs de la Pro, souvent mal servis.
Au sein de ce village fortifié se trouvent une demi-douzaine de personnages ainsi que des animaux avec lesquels il est possible d’interagir. Libre à vous de jouer avec le chien en lui jetant un bâton, de lui donner une croquette en forme d’os ou même un bon gros steak à cuire vous-même sur le feu. Les chevaux apprécient quant à eux les carottes mais pas le faucon pygargue, refusant votre cadeau d’un coup de griffe. Les PNJ permettent ici d’en apprendre un petit peu sur le « lore » de cet univers, à condition d’être un as de la langue Anglaise puisque aucune traduction n’est proposée à ce jour. Il est également possible de s’entraîner au tir à l’arc et d’escalader diverses parois ou échelles menant à des trésors étrangement placés.
D’ailleurs, en termes de contrôle et d’options de confort, les développeurs ont assuré. Les mouvements sont en téléportation ou déplacement libre au choix, en direction du PS Move ou du regard. La rotation est angulaire ou complète à vitesse réglable, le tout avec ou sans œillères. En outre, un mode gaucher ou droitier permet à tous de dégainer son arme du côté naturel.
Un level-design simpliste
Shadow Legend semble être deux jeux en un. Si les séquences interactives se déroulant avant le début des hostilités sont plutôt bien construites et amusantes, on ne peut pas en dire autant des niveaux d’action au level design ultra-simpliste. Le premier niveau, celui du cimetière, est réussi. Il est plus ouvert, il y a des clés qui ouvrent des tombeaux, un passage sous-marin, un ascenseur menant à un commerçant et il contient 3 charades à résoudre. Celles-ci peuvent être résolues en écrivant la réponse lettre par lettre ou en prononçant le mot à haute voix. D’ailleurs, la reconnaissance vocale fonctionne ici très bien ; à condition bien entendu de le faire avec un accent Anglais correct.
Dès le second tableau, c’est un festival de plateformes volantes qui font des allers-retours. Comme si nous nous trouvions désormais dans une version Super Mario Bros de Shadow Legend. Et c’est là le plus gros défaut du jeu, l’incohérence de son univers réaliste et de son level-design de jeu Super Nintendo. Les niveaux s’enchaînent parfois même sans aucune cohérence. Par exemple, tomber dans un puits vous amène sur un toit pour un combat de boss… ah ok. On sent bien ici le développement d’un jeu qui s’est fait en accès anticipé sur PC, ajoutant une paire de tableaux après coup pour allonger un peu la durée de vie. Cependant, tout n’est pas à jeter. Cela reste tout de même plaisant à parcourir, notamment le sympathique petit niveau de la prison.
Dark Souls par-ci…
Je vois du Dark Souls partout me direz-vous, mais c’est bel et bien une saga qui en inspire toujours plus chaque jour. Et Shadow Legend ne déroge pas à cette règle. Vous commencez l’aventure en sortant d’un cercueil, dans un cimetière, exactement comme le début de Dark Souls 3 ; des morts-vivants vous jettent des bombes incendiaires ; vous récupérez les âmes de vos ennemis que vous pouvez dépenser pour améliorer votre santé, votre force ou votre dextérité ; il y a des coffres mimic etc…
Par contre, Dark Souls ne partage pas son exigence. Si les premiers combats de Shadow Legend peuvent mener à la mort, on finit par rouler sur le jeu et le finir d’une traite. Les combats à l’épée se déroulent à peu près à la manière de Golem, à savoir que l’ennemi peut attaquer sur plusieurs axes. On peut le contrer ou l’esquiver puis frapper. Inutile d’agiter son arme dans tous les sens en espérant maximiser les dégâts puisque vos adversaires disposent de frames d’invulnérabilité vous obligeant à prendre votre temps avant de frapper à nouveau. Malheureusement, ces frames ne sont pas visibles et on se retrouve parfois à taper pour rien, l’épée passant simplement au travers, générant au passage un peu de frustration.
Pas Dark Souls par là
Au début de l’aventure, les combats sont plutôt longuets. Ils nécessitent une bonne dizaine de coups avant de pouvoir décapiter l’adversaire, ou lui couper les bras pour l’empêcher d’attaquer. On se tourne alors vers de nouvelles armes, vendues par le commerçant. En vendant tous les métaux précieux que vous avez dérobé jusque-là, et en ayant récupéré suffisamment de runes cachées dans les environnements, il est possible de se procurer 6 armes supplémentaires ; du katana de feu à la hache en passant par le bâton de magie ou l’arc de glace. Ces armes permettent de varier un peu le gameplay ; notamment la hache qui se lance et se récupère de la même façon que dans God of War.
Le bestiaire se limite principalement à des squelettes, archers ou armés d’une épée / masse / hache ; et des morts-vivants lanceurs de bombe dans le premier niveau. Ensuite, des démons et créatures volantes font leur apparition dans le dernier niveau. En outre, les deux boss proposés au cours de l’aventure sont plutôt réussis, avec chacun leur propre mécanique, et permettent d’ajouter un peu de variété aux combats.
C’est déjà fini ?
Et oui, Shadow Legend n’est pas un AAA. C’est un petit jeu d’un petit studio et celui-ci se termine quand on pense qu’il commence à peine. Cinq tableaux (sans compter l’introduction) et deux boss plus loin, c’est déjà la fin. D’ailleurs, comme dans Dark Souls et surtout Demon’s Souls, un choix final s’offre à vous, révélant ainsi votre vraie nature de joueur. Je n’en dirais pas plus pour vous laisser la surprise. Depuis la sortie sur PC, deux niveaux bonus ont été ajouté. Un se trouve dans l’enceinte du château, mais celui-ci ne vous prendra en réalité pas plus de 10 minutes, voire 5.
Un contenu rachitique déjà pointé du doigt par les joueurs PC et une durée de vie qui semble rallongée par des combats un peu longs, surtout au début. Comptez 5 à 6 heures pour tout faire et tout récupérer. C’est malheureusement beaucoup trop peu pour un jeu contenant des mécaniques de RPG. Il est aussi possible de recommencer l’aventure en conservant son équipement et ses statistiques améliorées, y compris les armes légendaires obtenues dans les deux derniers tableaux du jeu ; dont l’une permet d’ailleurs de tirer des boules électriques pour immobiliser les ennemis pendant quelques secondes.