Avec Nightreign, nouvelle extension multijoueur d’Elden Ring, FromSoftware tente une incursion audacieuse dans le roguelite coopératif. Mais malgré ses ambitions, ce mode peine à convaincre. Trop rapide, trop rigide, parfois frustrant, il illustre une nouvelle fois la difficulté du studio japonais à concevoir une expérience multijoueur réellement agréable.

Une formule roguelite au rythme étouffant
Dans Nightreign, trois joueurs explorent une carte à la recherche d’équipements avant d’affronter plusieurs boss. Le twist ? Une mécanique de cercle de feu façon battle royale resserre constamment l’espace de jeu. Résultat : un sentiment d’urgence permanent. Il faut rusher, prendre des décisions dans la précipitation, et sacrifier toute forme d’exploration ou d’optimisation de build. Cette pression, censée dynamiser les parties, finit par les rendre nerveuses et frustrantes.
La moindre hésitation peut entraîner une mort rapide, la perte de vos ressources, et une exclusion de la zone de jeu. Il devient quasiment impossible de prendre son temps, de fouiller les zones, ou même de lire les effets d’un objet trouvé. Tout cela, dans un roguelite, va à l’encontre de ce que les joueurs attendent généralement du genre.
Coopération forcée et contraintes rigides
Jouer en équipe ajoute encore une couche de stress. Se perdre, s’isoler ou ralentir son groupe peut ruiner une partie. Mais là où l’expérience devient vraiment pénible, c’est lorsqu’une run commence mal. Dans un roguelite classique, on abandonne et on recommence. Ici, impossible. Il n’y a aucune option d’abandon collectif. Si vous souhaitez quitter une partie mal engagée, il faut quitter le jeu, relancer des invitations, et repartir depuis le hub multijoueur. Un système archaïque qui allonge inutilement des sessions qui peuvent déjà durer 45 minutes.
Une expérience multijoueur déséquilibrée
FromSoftware a mis en place un serveur Discord pour faciliter les tests presse et créateurs de contenu. Ces conditions idéales, avec vocal et coordination, sont à mille lieues de l’expérience des joueurs classiques. En matchmaking public, sans chat vocal, la coopération devient difficile. Or, Nightreign exige un minimum de communication, de synchronisation et de planification. Dans l’état, jouer sans coordination, c’est foncer dans le mur.
L’absence de vocal intégré est une incompréhension. À une époque où de nombreux jeux multijoueurs en ligne intègrent ce type de fonctionnalité, son absence dans Nightreign révèle un retard structurel dans la conception multijoueur de FromSoftware.
Une bonne idée mal exécutée
Il serait injuste de dire que tout est à jeter. Quand une run se passe bien, que la coordination est là et que les équipements tombent juste, Nightreign peut offrir des moments de tension intense et de vrais frissons. Les boss sont bien pensés, le gameplay conserve la patte du studio, et certains enchaînements peuvent être mémorables. Mais ces moments sont noyés dans une structure rigide, punitive, et souvent décourageante.
Au final, cette extension confirme que FromSoftware excelle dans l’expérience solo, mais reste incapable de proposer une formule multijoueur agréable. À vouloir coller aux codes actuels, le studio semble oublier ce qui faisait la force de ses jeux : la liberté d’aborder un défi à son rythme. Ici, tout pousse à courir, subir, recommencer. Et c’est bien dommage.





